Séminaire

Corps construits / Corps produits

mercredi 29 avril 2009 à 20 h

conférence et débat
Lutter contre les discriminations

en présence de Nathalie Magnan, vidéaste et cyberféministe, et Marika Moisseeff, ethnologue et psychiatre, chargée de recherche au CNRS, Laboratoire d’anthropologie sociale

modération par Vincent He-Say

Sexe contre reproduction : une mythologie occidentale

par Marika Moisseeff

Dans Le Meilleur des mondes, les enfants sont fabriqués en flacon et les humains « civilisés » ne sont plus assujettis à la reproduction naturelle perçue comme une infâme chose du passé ne survivant plus que dans quelques réserves de « sauvages ». L’érotisme, apanage de l’humanité, inscrit pleinement dans la culture tandis que la procréation naturelle rabaisse au niveau de la nature et, par là, de l’animalité. De fait, la science-fiction contemporaine tend à dépeindre la maternité comme une forme de parasitisme animalisant. Les représentations qu’elle véhicule sont sous-tendues par l’idée selon laquelle plus une espèce est « évoluée », moins elle procrée et plus elle est dépendante d’espèces moins évoluées pour se reproduire. Or, on sait que la démographie des sociétés occidentales modernes qui se conçoivent comme les plus évoluées, les plus civilisées, doit beaucoup à l’apport de sociétés perçues comme moins évoluées via la migration et, de plus en plus, via l’adoption à l’étranger pour les couples stériles. Elles sont également celles qui sont le plus préoccupées par la crainte d’une surpopulation qu’elles présentent comme un risque majeur pour l’humanité. Le combat de la culture contre la nature est dépeint comme une bataille sans fin entre l’humanité – fortement américanisée – et des espèces extraterrestres insectoïdes tendant à parasiter les humains pour se reproduire.

La science-fiction peut, de ce point de vue, être abordée comme une véritable mythologie contemporaine susceptible d’éclairer en quoi les relations hommes-femmes sont un enjeu majeur sous-tendant les distinctions idéologiques que l’Occident établi entre groupes culturels.

 dernières publications de Marika Moisseef

  • Nous n’avons jamais été humains. Le néotène, les chimères et les robots, in Serge Gruzinski (sous la direction de) /Planète métisse/, musée du Quai Branly/Actes Sud, Arles : 152-165. (2008)
  • De Nouveaux mythes en guise de rites pour les adolescents ?, Dialogue – Recherches cliniques et sociologiques sur le couple et la famille, 176 : 119 – 130. (2007)
  • Alien., in M. Marzano (sous la direction de) /Dictionnaire du corps/, Paris, PUF : 34-39. (2007)
  • La Procréation dans les mythes contemporains : une histoire de science-fiction. Revue /Anthropologie et sociétés,/ vol. 29 (2) : 69-94. (2005). Repris dans la revue en ligne /Texto !/, vol.XI, n° 1, mars 2006.//
Un monde sans genre

par Nathalie Magnan

« Les organismes et la politique organismique et holistique reposent sur des métaphores de renaissance et en appellent invariablement aux ressources de la sexualité reproductive. Je dirais que les cyborgs ont plus à voir avec la régénération et qu’ils se méfient de la matrice reproductive et de presque toutes les mises au monde. ... Nous avons besoin de régénération, pas de renaissance, et le rêve utopique de l’espoir d’un monde monstrueux sans distinction de genre fait partie de ce qui pourrait nous reconstituer. »
Donna haraway – Manifeste Cyborg

Tour d’horizon des production cinématographiques de science fiction dans lesquelles s’inscrivent cette problématique.

 dernières publications de Nathalie Magnan

  • Donna Haraway, Manifeste cyborg et autre essais, science-fiction-féminisme, Laurence Allard, Delphine Gardey, Nathalie Magnan eds. Exils, octobre 2007.
  • Ce genre de gouvernance dans Second Life un monde possible, Agnes de Cailleux ed. Des petits matins, octobre 2007.

 Les articles à lire en ligne sur cette édition

Informations

 Entrée libre

Partager