Écran social

Génération 90 : Les années Sida

mercredi 13 février 2008 à 20h

projections suivies d’une discussion.

programmation et présentation de la séance par Kantuta Quiros et Aliocha Imhoff de l’association Le peuple qui manque.

Requiem de Lionel Soukaz (2003-2007, 5’)

Requiem contre le G8 et pour la distribution gratuite des trithérapies aux malades du sida des pays pauvres et notamment africains, Lionel Soukaz sous forme de lancinant appel, dénonce les obstructions politiques et capitalistes à l’accès aux soins et à la survie des malades du sida.

Last Night I took a Man...

Lecture de David Wojnarowicz
réalisé par Marion Scemama et François Pain

(1989-1998, 4’)
David Wojnarowicz s’est imposé comme l’un des artistes américains incontournables des années 80. Il naît dans le New Jersey en 1954. Enfant battu et maltraité, il s’enfuit à New York, découvre son homosexualité, vit dans la rue, subsiste grâce à la prostitution occasionnelle. Il traverse les États-Unis en auto-stop. Pendant les années 80, il devient un artiste reconnu (photographe, vidéaste, peintre, sculpteur et écrivain). Il appartient au mouvement artistique de l’East Village et évolue dans le milieu alternatif new-yorkais (Nan Goldin, Richard Kern, Lydia Lunch, Kathy Acker...) Homosexuel militant, farouchement critique de la société américaine, il meurt du sida en 1992. (Notice des éditions Désordres)
C’est parce que l’œuvre créatrice de David Wojnarowicz procède de toute sa vie qu’elle a acquis une pareille puissance. Alors que tout semble dit et redit, quelque chose émerge du chaos de David Wojnarowicz qui nous place devant notre responsabilité d’être pour quelque chose dans le cours du mouvement du monde. Félix Guattari

La pudeur ou l’impudeur de Hervé Guibert (1991, 58’)

L’écrivain Hervé Guibert, décédé en 1992 du sida, et proche de Michel Foucault, s’est livré, en écrivant et filmant sa maladie et son corps face à l’institution médicale (et à ce qu’il a décrit parfois comme un « viol thérapeutique ») à une réappropriation de soi par le biais de son autoreprésentation. La Pudeur ou l’Impudeur, qu’il réalise en 1991, entre journal filmé et mise en scène, a autorisé la figuration de corps souffrants, qui étaient jusque-là, et notamment dans leur quotidienneté, exilés en-deçà du champ du visible. (AI&KQ)
« Quand j’ai vu l’autoportrait d’Hervé Guibert, nu entrant dans l’eau, j’ai pu autoriser mon corps à monter sur scène. A cette époque, les malades du sida étaient très honteux de montrer leur corps, ils ne voulaient plus sortir ni se montrer. Certains sont sortis, et il était important de montrer son corps, même quand il était malade. Et certaines de ces personnes me paraissaient très belles, on pouvait voir une autre beauté chez eux. » Raimund Hoghe, 2007
« Chronique d’une mort annoncée dont Hervé Guibert filme la répétition et décrit l’horreur au quotidien sans vaine pudeur, sans complaisance. L’image, il maîtrise parfaitement, qu’en photographe, l’aide à faire de ce tête-à-tête avec le sida, - confession suprême d’une œuvre autobiographique - un acte de foi en la littérature, une ode à la vie. Ce journal intime dont l’impudeur revendiquée fit scandale, donna naissance à un courant cinématographique important, dont il demeure l’une des réussites. » (Documentaire sur Grand Ecran)
« Il n’y a pas d’interdit en art (même s’il y a une morale). Il y a des œuvres fortes ou médiocres.
Filmer sa mort est une expérience dure. Le noyau dur d’une vérité. La mort à l’œuvre dans le corps, l’épreuve de la déchéance, met en danger total la sincérité. Car il faut compter avec la pudeur. On peut tout dire. Faut-il tout montrer, même la honte de la dégradation ?
Le film d’Hervé Guibert est lumineux, aérien, et c’est ce qui surprend. A-t-il filmé sa mort ou la représentation qu’il s’en fait ? L’écrivain, qui n’a rien caché par écrit de l’évolution de sa maladie, fouillant le dessous des choses et des gens est arrivé ici à l’épure. La Pudeur ou l’Impudeur n’est pas un film sur le sida, c’est le regard d’un jeune homme qui va mourir, sur le monde qui l’entoure et qu’il quitte. Un film incandescent, un temps calme, comme une retraite. Un espace. »
Catherine Humblot, « Filmer, c’est toujours vivre », Le Monde, 2 février 1992.

Informations

Une collaboration entre la Maison populaire, le cinéma Le Méliès et l’association Le Peuple qui manque (www.lepeuplequimanque.org).

Les séances ont lieu à 20 heures. Pour des raisons relatives à la disponibilité du film, vérifier qu’elles ont bien lieu, ainsi que l’horaire qui peut varier selon la durée de la projection, auprès du cinéma Le Méliès 01 48 58 90 13.

Pour la projection un droit d’entrée est perçu :
- tarif plein : 5,50 euros
- tarif carte passion et - de 25 ans : 4,35 euros
(réservé aux Montreuillois, aux habitants du 20e arrondissement, et aux adhérents Renc’Art munis de leur carte, chômeurs)
- carnet de 10 places : 39 euros

La rencontre a lieu ensuite, l’entrée y est libre et gratuite dans la limite des places disponibles.

Au cinéma Georges Méliès Centre commercial M° Croix-de-Chavaux (ligne 9) 93100 Montreuil

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