Psychanalyse

Haderlump : la femme de rien. Vidéocritique de la lumpanalyse freudolacanienne

Mardi 17 janvier 2006 à 20 h

par Régis Michel, conservateur en chef au département des Arts graphiques, musée du Louvre

Pourquoi la psychanalyse est-elle si « misogyne » ? Chez Freud, comme chez Lacan, l’horreur congénitale de la féminité (passivité, masochisme et castration - on en passe, et de bien pires), finit par produire le plus extravagant des phallogocentrismes : un vrai « culte » du phallus, fût-il conceptuel, comme les Grecs eux-mêmes n’osaient en rêver, Délos inclus. Le constat n’est pas neuf (loin s’en faut). Il y a longtemps que les féministes ont fait le procès de ce délire conceptuel où triomphe... un organe sans corps - et quel organe ! Mais la cause est « perdue ». Car c’est tout l’édifice, plutôt bancal, de la psychanalyse, qui se fonde, si l’on ose dire, par oxymoron, sur ces vecteurs répressifs de l’éros occidental, le manque, le déni, le fétiche (et consorts). Haderlump, dit Freud de la courtisane. La femme qui s’émancipe est une femme de « peu » : une femme de « rien ». Par où la « misoanalyse » devient « lumpanalyse », et la misère du désir devient désir de misère (sexuelle). Malaise dans la sublimation... Le meilleur de l’art contemporain, qui est la vidéo - une affaire de femmes, ou presque -, ne cesse de moquer cette imposture tenace où la femme est toujours, Mallarmé oblige « l’absente (l’absinthe ? l’absainte ?) de tout bouquet... »

Régis Michel

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