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Inga Liljeström

du 10 au 14 septembre 2012

Résidence de création musique

Il y a d’abord cette voix. Intrigante, unique, dérangeante presque. Inga Liljeström, c’est une gorge profonde débarquée de l’Australie où elle a grandi, mais qui prend sa source en Finlande, là où jaillit jadis l’origine de son monde. Installée à Paris depuis plusieurs mois, c’est dans la ville lumière que sa carrière prend aujourd’hui un nouvel envol avec ce deuxième album majestueux et complexe, glacial et bouillant, organique et d’une modernité folle. Femme orchestre, touche à presque tout, organe vocal immaculé, Inga Liljeström est tout cela à la fois mais bien plus encore.

Naturellement portée vers le cinéma, elle commence par composer des musiques de films en Australie en parallèle d’une carrière riche en collaborations et en expériences. Depuis son premier album en 2005 (Elk), Inga Liljeström n’a eu de cesse d’avancer en regardant derrière elle pour tutoyer ses origines, et sur les côtés pour explorer l’infini de cette terre qui tourne à toute allure. Quelques projets plus loin, celle qui est devenue une artiste accomplie atteint enfin la fameuse maturité à laquelle aspirent tous les apprentis musiciens.

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Inga Liljeström
© Sarah Delaney

L’ex-étudiante en improvisation jazz a désormais bien plus d’une corde à ses instruments, bien plus d’une corde vocale. Sa maitrise du studio et la richesse de son imaginaire lui permettent de lâcher sa voix dans des paysages infiniment variés : des violons soyeux qui enveloppent son single à la tonalité très pop (Bittersweet), un riff de guitare primitif pour une redoutable cavalcade rock (Bloodstain), de frêles notes répétées dans une comptine minimaliste (Drowning Song), des accords de guitare steel pour une balade country lumineuse (Lovers Gun), une nappe de synthés tristes dressée sur un slow de cabaret futuriste (Dogs and Wolves), une six cordes baignée dans un blues moite (Mascara Black)…

Black Crow Jane, c’est l’œuvre d’une Calamity Jane du grand Nord qui se réapproprie l’héritage américain en l’honorant de la richesse de son parcours. Elle se fond ainsi dans la solitude enneigée du grand nord, dans le désert du sud austral autant que dans la mixité urbaine occidentale. Comme une sirène de la banquise qui abuserait de ses charmes et se transformerait en serpent vénéneux du bayou. Mais derrière la noirceur de son monde pointe la lumière que diffuse Black Crow Jane.

Un grand choc des cultures.

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