Philosophie

Michel Foucault "Métamorphoses du sujet”

Mardis 15 février, 15 mars et 29 mars 2005 à 20 h

Séminaire dédié à la rencontre de quatre philosophes à travers la lecture collective d’une œuvre majeure ou d’un ensemble de textes de Gilles Deleuze, Baruch Spinoza, Michel Foucault et Karl Marx.

par Mathieu Potte Bonneville, philosophe, membre du comité de rédaction de la revue Vacarme

Qu’est-ce qu’être un sujet, ou se poser comme sujet ? Là où la philosophie, depuis Descartes, identifie la subjectivité à la conscience, la langue française dresse un tableau plus embrouillé : le « sujet », ce peut aussi être le thème ou l’objet d’un propos ou d’une conversation (non pas celui qui parle, donc, mais celui dont on parle, et auquel on donne forme à travers le discours) ; ce peut encore être le sujet du roi, l’individu assujetti à un pouvoir qui le domine. Destin paradoxal, donc, que celui du sujet : tantôt individu parlant, tantôt figure déposée par le langage ; tantôt foyer d’insoumission, et tantôt au contraire défini par sa docilité. En quel sens, alors, parler de sujets libres ?
Lorsque Michel Foucault déclare, dans l’un de ses derniers entretiens : « en réalité, je ne me suis jamais préoccupé que du sujet », c’est sans doute à ces paradoxes qu’il fait référence. Plurielle, fragmentaire, son |uvre comprend en effet trois moments essentiels, qui tous ont trait au sujet :

 Le premier moment est celui que Foucault nommait « archéologie » : il fut consacré, dans les années 60, à étudier comment savoir et discours construisent, en vis-à-vis et de façon variable tout au long de l’histoire, les objets à connaître et les sujets parlants ;

 Le deuxième moment correspond à ce que Foucault appelait « la généalogie » : dans les années 70, il s’agissait d’examiner la façon dont les jeux du pouvoir ne se contentent pas de réprimer ou de nier la libre expression des subjectivités, mais fabriquent au contraire l’identité, l’individualité et la conscience du sujet moderne.

 Sur le fond de cette double enquête, Foucault a enfin développé une « éthique », comme « stylisation de la liberté » : au tournant des années 80, il chercha à comprendre comment les individus tentent de se constituer eux-mêmes comme sujets non pas en revendiquant un quelconque libre-arbitre ou une capacité infinie de rupture, mais en explorant les interstices et les failles ouvertes dans les ensembles discursifs et politiques auxquels ils appartiennent.

C’est cette triple enquête que les trois séances exploreront, à partir de quelques extraits de l’Histoire de la folie, de Surveiller et punir, et de L’Usage des plaisirs (textes disponibles en collection « Tel », chez Gallimard).

Mathieu Potte-Bonneville

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