Séminaire

Genre : normes et transgression

saison 2007-2008

conférences et débats

Hommage au souffle de mai et au centenaire de la naissance de Simone de Beauvoir

« On ne naît pas femme, on le devient. »
Simone de Beauvoir, Le Deuxième sexe, 1949

Depuis plus de vingt ans, une multitude d’universitaires, de laboratoires de recherches et d’associations, tant en France qu’à l’étranger, fondent leurs recherches autour des questions de genre, de sexualité et de reproduction. D’une richesse infinie, ces pensées héritières notamment du féminisme matérialiste, et à partir d’une relecture d’auteurs français tels que Michel Foucault, Gilles Deleuze, Derrida, Monique Wittig, nous invitent à déconstruire les genres et les sexes, et appellent à une lecture croisée des oppressions spécifiques, sexuelles et raciales notamment.

photo prise à la manifestation annuelle trans', Paris 6 octobre 2007
 manifestation annuelle trans’, Paris 6 octobre 2007


 rencontre du 31 octobre 2007

Ici, les normes identitaires sont posées comme des constructions sociales, non-naturelles, assimilées à force de répétition. Dès les années 70, Monique Wittig, féministe radicale et écrivaine, était allée jusqu’à penser que « les lesbiennes ne sont pas des femmes », dans le sens où elles ne remplissent pas le rôle que la société hétérosexuelle leur prescrivent : « La femme n’a de sens que dans les systèmes de pensée et dans les systèmes économiques hétérosexuels ». C’est ainsi que l’hétérosexualité elle-même s’est vue analysée, non plus comme issue du naturel, mais comme un régime politique et historique. La philosophe, Judith Butler, dans son œuvre maîtresse Trouble dans le genre, prend pour point d’analyse les Drag queens, et conclut que le genre n’a pas d’original, mais qu’au contraire, toute féminité comme masculinité n’est que copie sans original. Nous serions en quelque sorte, à des degrés divers, tous des travestis, et le genre se construirait donc, à force de répétition, à l’invocation performative « tu es une fille, tu es un garçon ». Mais Judith Butler va plus loin, et montre que le sexe lui-même est lui aussi construit, puisque lui-même genré, et qu’il n’y aurait pas de vérité pré-discursive à la chair. La différence sexuelle ne serait qu’un mythe, une construction idéologique. Une construction idéologique où la division sexuelle du travail non seulement se perpétuerait, mais contribuerait à produire une invisibilité des femmes.
La reproduction ne serait pas non plus qu’un fait de nature. Véritable fait social, soutenu par la législation à travers l’histoire, et un fait politique, où se jouent des rapports de pouvoir qui sont aussi liés au genre et non pas seulement à la sexualité.
En dissolvant la binarité du genre et des sexes, en exaltant la multitude de corporéités possibles, ces théories questionnent de nouvelles manières la question du pouvoir.

Nous vous invitons à discuter de l’actualité de ces questions. En quoi ces pensées nous interpellent-elles de manière individuelle et de manière collective  ?

Informations

Remerciements particuliers à Nathalie Magnan, Jules Falquet, Kantuta Quiros et Aliocha Imhoff.

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