Écran philosophique

L’homme de la Plaine

mercredi 6 février 2008 à 20 h

projection suivie d’une discussion.

par Éric Méchoulan (professeur et directeur du département des Littératures de langue française à l’université de Montréal, directeur de programme au CIPh)

Film > L’Homme de la Plaine (The Man from Laramie) d’Anthony Mann
(USA, 1955, 1 h 44)
avec James Stewart, Arthur Kennedy, Donald Crisp, Cathy O’Donnell, Alex Nicol

The Man from Laramie d’Anthony Mann suit la logique habituelle du western : un homme seul cherche à venger son jeune frère qui a été tué. Il affronte ainsi l’homme le plus puissant de la région, puisque c’est son fils qui est responsable de cet assassinat. Pourtant, tout semble décalé dans ce western : on met très longtemps à savoir ce que cet « homme de Laramie » vient chercher dans la région et s’il y a rapide opposition avec le puissant fermier c’est d’abord parce que celui-ci a longtemps rêvé (avec crainte pour son fils) de sa venue. Peu à peu, les affrontements classiques cèdent la place à des séries de luttes indirectes, comme si nous avions à reconnaître dans ce film (et peut-être dans le cinéma lui-même, justement lorsqu’il raconte des histoires bien codifiées) une démonstration des « puissances de l’indirect ».

Mann installe aussi le récit dans un moment particulier de l’histoire du Far West : le moment où la liberté suscitée par les grands espaces, dont les Indiens et les aventuriers forment les figures exemplaires, va bientôt être remplacé par la clôture des espaces une fois l’accumulation des terres érigée en domaine. Le héros incarné par James Stewart dit bien qu’il appartient à l’endroit où il se trouve. Il s’oppose ainsi à tout enracinement familial (avec ses tragédies de la succession) et à tout fantasme de possession (avec les folies qu’il déclenche). À l’opposé, les armes achetées clandestinement et vendues aux Indiens sont cachées dans des caisses de fil barbelé dont on saisit, par son absence même, indirectement, l’arme transparente qu’elle représente pour l’histoire de l’Amérique.

Dans une perspective philosophique, ce sont ces éléments dont nous voyons la figuration à l’œuvre dans le film de Mann : qu’est-ce, historiquement, que la liberté ? Comment hériter et succéder ? Quels pouvoirs ces deux registres déterminent-ils ? Et à quoi tient cette puissance de l’indirect, y compris pour la « représentation » cinématographique ?
Éric Méchoulan

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L’Homme de la Plaine
Affiche

Informations

Les séances ont lieu à 20 heures. Merci de vérifier l’horaire qui peut varier selon la durée de la projection précédente, auprès du cinéma Le Méliès (01 48 58 90 13) Un droit d’entrée de 5,50 € est perçu pour la projection. Ou achat d’un carnet de 10 places à 39 €.

L’entrée à la conférence qui suit est libre et gratuite dans la limite des places disponibles.

Au cinéma Georges-Méliès
Centre commercial, M° Croix-de-Chavaux
93100 Montreuil

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