Écrans Philosophiques

« Émietter Rome : L’Éclipse, crise des émotions ou libération du sens ? »

mardi 16 avril 2019 à 20 h 30

Projection suivie d’une présentation et d’une discussion avec les spectateurs. 
Au Cinéma Le Méliès de Montreuil.

Film > L’Éclipse  (L’Eclisse) de Michelangelo Antonioni (Italie / France, 1962, 2 h 06) avec Alain Delon, Monica Vitti, Francisco Rabal, Lilla Brignone, Rossana Rory, Mirella Ricciardi, Louis Seigner.
 Présenté par Olivier Gaudin (École nationale supérieure de la nature et du paysage de Blois)


« Avec L’Éclipse (1962), Antonioni poursuit sa recherche sur les ressources expressives du cinéma : composition architecturale des cadrages statiques et angles de vue picturaux, fragmentation des lieux et des corps, épuisement des plans. Dans le sillage de L’Avventura (1960) et de La Notte (1961), il filme une série de pertes : échec amoureux, inauthenticité culturelle ou indifférence sociale, désorientation politique et morale, irruption de la mort.
Cette géométrie à l’arrêt dépasse le formalisme esthétique, le drame psychologique (la solitude bourgeoise, l’incapacité d’aimer) ou du spectacle (l’événement d’un krach boursier ou d’un accident). La suspension du récit métamorphose le film en une suite de temps morts, où naît la possibilité d’un décentrement du regard. La mise en scène d’une crise des émotions ou « maladie des sentiments » sert de prétexte pour dissoudre l’action dans des paysages urbains en miettes. Loin de célébrer l’ennui ou la mélancolie, le cinéaste déploie une extraordinaire attention aux sensations physiques et aux perceptions en situation, en s’appuyant sur le cinéma expérimental, le documentaire et la photographie.

Renversant les codes narratifs, la soustraction ou l’évidement – l’éclipse de l’histoire – ouvre sur une libération du sens. L’usage critique du montage, le mouvement ralenti jusqu’à la panne, les discontinuités et les ellipses, le morcellement des corps et la réduction de la visibilité sont autant de procédés qui troublent nos habitudes de perception et esquissent un cinéma des atmosphères. La caméra explore les espaces inachevés de la périphérie romaine, saturés de lumière. Les chantiers de l’EUR, entre ville et campagne, sont des milieux perceptifs fragmentés mais en devenir : des ambiances incertaines où disparaissent les figures humaines, plutôt que des paysages habitables. Sous l’indétermination silencieuse de la matière, frémit peut-être la promesse d’un renouvellement des formes de vie. » - Olivier Gaudin

Informations

 Le cycle des Écrans philosophiques est conçu par la Maison populaire et organisé avec le Collège international de philosophie en collaboration avec Le Méliès (Montreuil).


 Au Cinéma Le Méliès à Montreuil 12 Place Jean Jaurès - Tel. 01 83 74 58 20
 - M° Mairie-de-Montreuil (ligne 9)
Le prix de la séance, conférence comprise :
• Plein tarif, 6 euros
• Tarif réduit, 4 euros (moins de 26 ans, allocataires des minima sociaux, demandeurs d’emploi, retraités, porteurs d’un handicap (+ place gratuite pour un accompagnateur).
• Tarif abonnés : 5 euros

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