Sun In Your Head

La juste distance : vidéos de Robert Kramer 3/3

vendredi 30 mars 2007 à 20 h 30

carte blanche à Pierre-Damien Huyghe, professeur à l’université de Paris I.
Dernières publications : Du commun, éd. Circé, 2001 ; Le différend esthétique, éd. Circé, 2004 ; Eloge de l’aspect, éd. Mix, 2006.

avec la participation de Michel Porchet, coordinateur de recherches à la Maison des Sciences de l’Homme de Paris- Nord

Robert Kramer a toujours filmé auprès de l’actualité. Moins pour démontrer que pour découvrir. « Il faut faire », disait-il. « Il faut faire, alors on voit. » Les films de Robert Kramer sont une méthode pour le regard. Non pas des mises en scène, mais des démarches organiques. Ils font de la sensibilité une activité qui cherche l’histoire sans se la laisser conter. Pierre-Damien Huyghe

Dear Doc de Robert Kramer, France, 1990, Beta SP, couleur, 35’
Robert Kramer s’adresse à son vieux complice, personnage principal de "Doc’s Kingdom" et, en quelque sorte, son alter égo.

(...) Dans Route One /USA, nous vivions une aventure - non pas de Doc et Robert, mais de Robert et Paul, une sorte d’histoire d’amour entre hommes, qui remontait loin dans le passé , quand nous étions militants ensemble, et nous avions trouvé un point d’ancrage dans l’expérience de deux films. En dehors des histoires qu’ils racontaient, les films étaient l’histoire non dite de notre rapport. Tout cela pouvait être vu, décrit et vécu d’une manière complètement différente. J’ai commencé à avancer à tâtons : « Je vais dire ce que je veux dire sur notre rapport, et le matériau - tous les gens que tu rencontres dans Route One /USA, les artifices de Doc’s Kingdom - va passer à l’arrière plan. Au premier plan, il y aura les conversations interminables que nous avions pendant ces films, qui avaient des implications sur chaque aspect de notre vie réelle. » J’ai toujours eu peur de ce qu’on peut appeler le syndrome Jonas Mekas. J’y ai beaucoup pensé en voyant son film à Locarno. C’était vraiment un plaisir, et le plaisir tenait à ceci : le syndrome Jonas Mekas veut dire : « J’embrasse totalement ma subjectivité. » J’avais décidé d’aller jusqu’au bout, j’allais tout dire. Tout montrer, pour une fois. Et puis, il y a toutes les manières de ne même pas montrer ce qu’on croyait qu’on allait montrer. J’avais très envie d’atteindre un autre niveau. Je voulais y arriver en travaillant 24 heures sur 24. On pourrait aussi appeler ça le syndrome Chris Marker. J’allais m’y plonger complètement. Je ne répondrais pas au téléphone, je ne rentrerais pas chez moi, et je verrais ce qui arriverait. Ce qui est arrivé, c’est Dear Doc.
Robert Kramer, in Points de départ de Bernard Eisenschitz - Ed. Institut de l’image

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Dear Doc

Informations

Entrée libre

Le cycle Sun In Your Head propose des rendez-vous mensuels autour de la vidéo et du film d’artiste. Chaque séance est l’occasion de rencontrer un invité - artiste, cinéaste, mais aussi philosophe, historien de l’art, etc. - et de découvrir une sélection de films et de vidéos autour d’une thématique spécifique.
Cette saison, nous avons donné carte blanche à Régis Michel, Pierre-Damien Huyghe et Françoise Parfait pour découvrir avec eux une sélection de film et de vidéo autour d’une thématique spécifique qu’ils souhaiteront développer à l’entrecroisement de l’esthétique, du plastique, du philosophique, et du cinéma.

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