Andréanne Béguin et Thomas Maestro
Résidence Fabrique à l’œuvre

1200 mètres

de janvier à juillet 2024

La Maison pop déménage prochainement sur le site de la Friche industrielle EIF à Montreuil. À la manière d’une préface artistique, la Maison pop lance la première édition de Fabrique à l’œuvre, résidence d’action artistique et territoriale, à ciel ouvert. Les commissaires d’exposition Andréanne Beguin et Thomas Maestro imaginent 1200 mètres, la distance nécessaire pour passer de la fiction au réel.

Une proposition curatoriale d’Andréanne Béguin et Thomas Maestro
Artistes invité·es : Margot Bernard, Joris Heraclite Valenzuela et Maha Yammine

« Des lieux, des rues, des places, des carrefours, liés à des souvenirs, à des événements ou à des moments importants ». Les mots de l’écrivain Georges Pérec pour introduire le protocole établi pour son aventure littéraire Lieux ont inspiré 1200 mètres.
La démarche en deux étapes de l’auteur repose sur une écriture “réelle” et descriptive d’un lieu, puis sur une écriture des souvenirs vécus ou imaginés rattachés à ce même endroit. Nous proposons de transposer ce jeu littéraire d’enregistrement de la ville à des projets de co-créations artistiques in situ avec la complicité des artistes Margot Bernard, Joris Heraclite Valenzuela et Maha Yammine.

Nous souhaitons expérimenter un “commissariat-action”. Nous sommes à la fois observateurices, accompagnateurices et intervenant·es dans les ateliers de pratique des artistes et les publics participants des associations La Tribu du Grand Air, La Facto, la Collecterie et le Samusocial de Montreuil. Pendant six mois nous sillonnons dans ce rayon de 1200 mètres qui relie le site actuel de la Maison Populaire et les anciens bâtiments de l’usine EIF, son futur site d’implantation en cours de réhabilitation. Ensemble, nous passons de la carte à la réalité pour mettre en relation les habitant·es des quartiers alentours et les artistes invité·es, autour des vécus particuliers de chacun·es sur le territoire.
Chaque mois, des temps de rencontres, d’échanges, de workshops, et de co-production se répètent pour sonder ces expériences et visions multiples des lieux de proximité, puis les matérialiser dans la ville.
Les artistes mettent à disposition leurs outils, sensibilités et modes d’expression pour mener l’enquête et collecter les paroles, les formes, les matériaux, les émotions, les bruits de fond qui façonnent nos existences quotidiennes.

Notre résidence est animée par le principe du “Do It With Others [1] : les moments partagés – repas, balades, visites, conversations – font œuvre collective et tracent progressivement tout au long de la résidence une constellation qui relie des points et des destins entre eux. Chaque tandem enrichit un enregistrement en live des mutations urbaines de ce périmètre, une captation et une mise en forme d’images, de sons, de fragments, de récits qui émanent de ses habitant·es.

Cette archive constituera, d’une part, une maison de chantier immatérielle, diffusée par les canaux de communication de la Maison Populaire et conçue avec la complicité d’un groupe d’étudiantes de l’IUT de Montreuil. Cette maison de chantier offre à toutes et tous la possibilité de suivre peu à peu la trame des événements en cours. Quel est le lieu qui me manque ?, un premier temps fort sous forme de jeu de piste restituera les mois de co-création le samedi 4 mai 2024. Il sera conçu comme un jeu de piste où chacun·e, d’étapes en étapes sur les traces des lieux choisis et travaillés, pourra récolter autant d’indices qu’il existera de récits du territoire. Il sera possible, pour recomposer les histoires et se les approprier, d’échanger avec les participant·es, artistes et commissaires. Enfin, les rendez-vous des tandems se poursuivront avec Raconter la fugue, un évènement public sous la forme d’une veillée contée lors du Festival des Murs à Pêches le dimanche 19 mai 2024. Placée cette fois sous le signe de l’imaginaire, du fantasmé, elle laissera place à une archive fictionnelle, ouverte à tous les possibles pour peupler de rêves et de désirs ces 1200 mètres.

– Andréanne Béguin et Thomas Maestro


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Andréanne Béguin et Thomas Maestro

Les commissaires

Andréanne Béguin
Diplômée de Sciences Po Paris, de la Sorbonne et du Royal College of Art de Londres, Andréanne Béguin a été assistante commissaire au Barbican Centre à Londres ainsi que pour la 34e Biennale de Sao Paulo, et commissaire associée au Cneai à Paris. En tant que commissaire indépendante, elle a été invitée à Gasworks à Londres (2021) et au CEAAC à Strasbourg (2021), au Centre Tignous à Montreuil (2023), à la Graineterie à Houilles (2024), à Mécènes du Sud à Montpellier (2024), à la Maison du Danemark, Paris (2024). Elle est co-commissaire de la saison 2022-2023 d’Orange Rouge. Elle a été en résidence aux Beaux-Arts de Paris pour une année (2022-2023), et sera en résidence à la Maison Populaire à Montreuil (2024) et à GENERATOR - 40mcube à Rennes (2024). Elle est lauréate du programme CURA du Cnap avec la Scène Nationale Carré-Colonnes (2024-2025).
En tant que critique d’art, Andréanne Béguin contribue régulièrement à la revue Zérodeux et a écrit pour l’Art Même et pour le Salon de Montrouge. Elle est lauréate 2023 du dispositif de Soutien à la recherche en théorie et critique d’art du Cnap.

Thomas Maestro
Thomas Maestro est artiste et curateur. Après l’école d’art (ESADHaR Le Havre et Rouen), il intègre un master curatorial et cofonde le collectif Champs magnétiques. Il travaille par la suite au Centre National Édition Art Image en tant que commissaire associé, et en tant qu’assistant artistique et de commissariat auprès de Daniel Purroy à Vitry-sur-Seine. Il est actuellement curateur au CAC Brétigny pour la saison hors les murs 2023-2024. Il est cofondateur du duo artistique et curatorial Éléments Partout, avec Agathe Schneider.


Les artistes

Margot Bernard
Margot Bernard
Margot Bernard décortique la vie commune en chaque chose, animée par la conviction que les façons dont nous habitons, touchons, aimons, apprenons, jouons, travaillons sont intrinsèquement politiques. Par l’enquête puis par la mise en espace des images, du son et des histoires, l’artiste propose des surfaces relationnelles, celles qui aident à la rencontre, à la confiance, aux communs. Son approche est fondée sur l’échange et la parole, sa circulation, son écoute, auxquels s’ajoute une fine observation des gestes, du non-verbal. Margot Bernard fait se rencontrer ces aspérités individuelles dans des installations qui laissent la place aux regardeur·euses, accueillent leur participation, afin de faire naître du collectif.

Joris Heraclite Valenzuela
Joris Heraclite Valenzuela
Joris Valenzuela nourrit sa pratique d’observations in-situ de paysages urbains, proches et familiers, notamment le quartier de la Noue, son « atelier à ciel ouvert ». L’instabilité des matériaux et des objets utilisés, la non-pérennité des pièces lui permettent d’explorer d’une part la fragilité du travail de mémoire d’une société et celui de la construction de ses identités ; d’autre part, les liens et les relations qu’elle entretient avec son territoire bâti et végétal.

Maha Yammine
Maha Yammine
Maha Yammine est une artiste libanaise, elle vit et travaille en France. Elle travaille avec différents médiums, principalement la vidéo, la performance et l’installation. Sa pratique ancre une réflexion à l’intersection de plusieurs horizons - politique, social, culturel et historique - qui s’étendent du particulier au commun. L’artiste collecte et réactive les histoires vécues par les gens. À travers son travail, elle vise à transformer la contemplation nostalgique en de nouvelles formes, actions et expériences.

Ressources

  • Dossier de presse (PDF – 6.1 Mio)
  • Notes

    [1Terme utilisé en 2006 par l’artiste, chercheuse et curatrice anglaise Ruth Catlow, pour définir des formes de rencontres et d’actions artistiques participatives, où l’expérience des moments de partage importe autant, sinon plus, que les éventuels résultats formels obtenus.

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